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jeudi 31 décembre 2015

Le prisonnier sans frontières


http://www.lililesmerveilles.com/2015/12/le-prisonnier-sans-frontieres.html
Écrit et illustré par Jacques Goldstyn, Bayard Canada.

Quatrième de couverture:
«Il a choisi de s’exprimer. On l’a privé de liberté.»

Si les mots peuvent faire enfermer les âmes libres, ils peuvent aussi leur faire repousser des ailes… Troquant la territorialité des mots pour l’éloquence sans frontières de ses dessins, Jacques Goldstyn raconte dans un astucieux silence la vulnérabilité de la liberté d’expression. Avec audace, il sait faire parler ses traits candides et ébouriffés, soufflant au lecteur une bouffée d’espoir à faire tomber les oeillères. Un opuscule tout en finesse et en justesse, dédié à Raïf Badawi et à sa famille, qui fait rêver par-delà les murs de l’indifférence, et qui rappelle aux plus choyés du globe que redonner la voix à tous ceux que l'on voudrait faire taire, c'est bel et bien l'affaire de tous.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

La Belle Rouge


Un merci chaleureux à Anne Loyer et Alice Éditions
pour la couverture en primeur.
Par Anne Loyer, Alice jeunesse, Tertio

Quatrième de couverture:
«Marje est camionneuse depuis 25 ans. Avec son beau camion rouge, elle sillonne les routes de France et d’ailleurs. Rien ni personne ne pourra mettre fin à sa passion de rouler. Entre son camion et elle, c’est une grande histoire d’amour. Kader va avoir 16 ans. Il n’a jamais connu son père et a été abandonné par sa mère lorsqu’il avait 7 ans. Après plusieurs familles d’accueil et des ennuis avec la justice, il vit dans un centre d’éducation renforcée pour mineur. C’est un rebelle, une vraie tête brûlée qui n’a qu’une envie : se faire oublier. Malheureusement ça ne fonctionne pas. Après avoir reçu une lettre de sa maman, Kader décide de fuguer. Il se retrouve sur une aire d’autoroute et monte dans un camion laissé ouvert. C’est celui de Marje. D’abord très contrariée par cet intrus qui chamboule son quotidien bien huilé, elle le prend finalement en pitié et accepte de le garder pour un bout de route.»


Quand on a l’âme en berne, on s’en sauve comme on peut. Certains s’enracinent et dépérissent, d’autres ruent dans les brancards avec fracas pour faire taire le silence, ou alors, se mettent en mouvement pour s’étourdir le vide et ne plus jamais s’arrêter. Chacun sa survie. Chacun son parcours solitaire. Et pourtant, même à la dérive, on n’est pas à l’abri de l’impromptu salutaire… D’une plume toute simple et authentique, Anne Loyer tricote une épopée à deux voix, singulière et chamboulante; une épopée qui sait dire sans esbroufe, narrant l’essentiel dans un habile enchevêtrement de courtes phrases et de silences bavards. Un opus fin et juste, ode de bitume à l’humanité égarée, qui avale les kilomètres comme on réapprend à vivre, et qui redonne foi aux possibles. 


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮



On aurait dit


Par André Marois, illustré par Gérard DuBois, chez Comme des géants.
Quatrième de couverture:
«Quand une maman sort quelque temps pour jardiner, les garçons en profitent pour s'inventer une histoire. La maison se transforme alors en champ de bataille où le chien est un monstre poilu, la table devient une montagne et la baignoire, une rivière peuplée de crocodiles (entre autres choses). Jusqu'où les mènera leur imagination débordante?»

Quand l’imagination s’emballe, les possibles fourmillent, les aventures se multiplient, le réel s’estompe, et les limites sont autant de sommets à gravir joyeusement. Si seulement le retour sur terre n’était pas si risqué… D'une voix taquine et joyeusement sans scrupule, André Marois raconte l’enfance dans toute sa flamboyante candeur, embarquant le lecteur dans une rocambolesque équipée entre deux mondes, se riant à imaginaire déployé des contraintes superficielles d’une réalité à la logique ronronnante de rigidité. S'épanouissant délicieusement à travers l'éloquence fine et le charme vieillot de l’univers visuel de Gérard DuBois, cet opuscule hors du temps secoue l'ordre établi avec une exquise désinvolture. À savourer encore et encore, pour se fleurir l’âme d’une dissidence salutaire. 


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

Le dernier arbre

Par Ingrid Chabbert, illustré par Guridi, chez Frimousse, collection Maxi Boum.
Quatrième de couverture:
«Lorsque je découvre le tout dernier arbre, si petit et si fragile, je sais tout de suite que je dois le protéger...»

Quand la grisaille du béton fait taire la verdure, l’enfance n’a plus beaucoup de place pour rêver. Et si on pouvait reconstruire les possibles un arbre à la fois? D’une plume tout en justesse et en sobriété, Ingrid Chabbert sait dire la suprématie du bitume et la fragilité de la flore, en laissant la jeunesse toute neuve exprimer sagement, du haut de son implacable logique de l’essentiel, l’urgence d’agir. S’épanouissant tout en demi-teintes, à travers l’éloquence feutrée de l’audacieuse palette de Guridi, cet album souligne avec finesse et simplicité l’inertie d’une humanité qui joue à l’autruche, faisant mine de ne pas voir le coût réel de son développement industriel intempestif. Une sublime et touchante bouffée de lucidité à mijoter en famille pour secouer les consciences endormies.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

jeudi 17 décembre 2015

La femme qui fuit

Par Anaïs Barbeau-Lavalette, chez Marchand de feuilles
Quatrième de couverture:
«Anaïs Barbeau-Lavalette n'a pas connu la mère de sa mère. De sa vie, elle ne savait que très peu de choses. Cette femme s'appelait Suzanne. En 1948, elle est aux côtés de Borduas, Gauvreau et Riopelle quand ils signent le Refus Global. Avec Barbeau, elle fonde une famille. Mais très tôt, elle abandonne ses deux enfants. Pour toujours. Afin de remonter le cours de la vie de cette femme à la fois révoltée et révoltante, l'auteur a engagé une détective privée. Les petites et grandes découvertes n'allaient pas tarder. Enfance les pieds dans la boue, bataille contre les petits Anglais, éprise d'un directeur de conscience, fugue vers Montréal, frénésie artistique des Automatistes, romances folles en Europe, combats au sein des mouvements noirs de l'Amérique en colère; elle fut arracheuse de pissenlits en Ontario, postière en Gaspésie, peintre, poète, amoureuse, amante, dévorante... et fantôme. La femme qui fuit est l'aventure d'une femme explosive, une femme volcan, une femme funambule, restée en marge de l'histoire, qui traversa librement le siècle et ses tempêtes. Pour l'auteur, c'est aussi une adresse, directe et sans fard, à celle qui blessa sa mère à jamais.»

«Être, ou ne pas être?»: question essentielle, fondamentale, humaine. Être soi, exister, ou se fondre, céder sa place. Être, haut et fort, envers et contre tout, envers et contre tous, ou s’éteindre sagement dans le ronronnement aliénant de l’attendu. Mourir comme on prend racine, ou poursuivre, sans regarder en arrière, une liberté insaisissable. C'est l'histoire de Suzanne, et de sa fuite généalogique et artistique: son histoire avec un petit et un grand «H». D’une plume fine et juste, directe, impitoyable, Anaïs Barbeau-Lavalette retricote la vie de cette grand-mère qui a refusé d’en être une, révélant par petites touches, tout en simplicité et en authenticité, un tourbillon d’existence, un chaos de chaque instant. Travestissant habilement le réel en lui faisant donner la parole aux errances d’une âme terrée dans le mouvement perpétuel, narrant sans juger, mais sans pitié, du regard curieux de celle qui cherche à comprendre, elle sait faire parler le mutisme déterminé, révéler l’ineffable. Opus touffu qui chamboule les perceptions, piétine les oeillères, et témoin astucieux d’une époque où bouillonnaient, indomptables, la création à l’état brut, l’art rugueux de la spontanéité, et les semis d’une révolution en devenir, c'est un plongeon de l’autre côté du miroir dont on ne ressort pas indemne, et qui dévoile l’humain comme jamais, dans le vertige terrifiant et l'étrange fascination de ses failles et de ses élans.

«Parce que je suis en partie constituée de ton départ. Ton absence fait partie de moi, elle m’a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve mes racines, multiples et profondes. Ainsi, tu dois continuer d’exister. Dans ma soif inaltérable d’aimer. Et dans ce besoin d’être libre, comme une nécessité extrême. Mais libre avec eux. Je suis libre ensemble, moi.» (Extrait de «La femme qui fuit»)



Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

lundi 14 décembre 2015

Les carnets de Cerise 3 - Le dernier des cinq trésors

Scénario de Joris Chamblain, et dessins d'Aurélie Neyret, Éditions Soleil, Métamorphose, Carnets de Cerise t.3

Quatrième de couverture:
«Cerise est une petite fille âgée de onze ans, qui vit seule avec sa mère. Elle rêve de devenir romancière, et a même déjà commencé à écrire ses carnets! Son sujet favori : les gens, et plus particulièrement, les adultes. Elle adore les observer pour tenter de deviner quels secrets ils dissimulent au fond d'eux.
Cette fois, elle s'intéresse à Sandra. Son atelier de reliure regorge d'ouvrages anciens. Mais il en est un qu'elle n'a jamais réparé. Pourquoi? Savait-elle seulement qu'il était là? Et quels sont ces cinq trésors liés à la vie de la jeune femme? Cerise, Line et Erica vont suivre ensemble ce jeu de piste, cette enquête à tiroirs, pour tenter de rendre à Sandra ce qu'elle a perdu, il y a tant d'années...»

La mémoire est une drôle de bête: elle engrange les souvenirs, les trie, les classe, les enfouit aux confins de la conscience et les fait ressurgir sans crier gare. Mais parfois, lorsque le réel chamboule tout, elle préfère se taire, laissant de grands blancs dans la ligne du Temps. C’est à ce moment que la vraie quête commence… et qui de mieux pour chasser les trésors ensevelis que la curieuse et sensible Cerise, sa plume bien pendue, et son inimitable bande d’amies! À travers une toujours aussi astucieuse alliance entre l’épistolaire et le roman graphique, le duo Chamblain/Neyret récidive, tout en finesse et en émotions, semant les indices avec agilité et faisant tomber peu à peu les masques, tenant le lecteur en haleine, coeur et âme, jusqu’à la toute dernière page. Un petit délice d’authenticité, dont l’émouvante justesse ne peut laisser indifférent. 


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

dimanche 13 décembre 2015

Loula et Monsieur le monstre


Écrit et illustré par Anne Villeneuve, chez Bayard Canada, Série Loula, t.3.

Quatrième de couverture:
«- J’en ai assez! Je ne peux plus vivre avec ce… ce MONSTRE! hurle sa mère.
Loula est terrifiée. Elle se doute bien qu’il est question de son chien préféré, qui est souvent un peu trop malpropre, gaffeur et gourmand… Et si sa mère décidait de jeter Monsieur, le meilleur de tous les chiens? Que ferait-elle sans lui? Loula doit absolument donner à Monsieur quelques leçons de bonnes manières avant qu’il ait de gros, GROS problèmes…»

Quand on a, comme Loula, les oreilles qui traînent, on s’expose inévitablement à des révélations-chocs. Or, cette fois, malgré toute la bonne volonté du monde, il semblerait que le sort du chien Monsieur ne tienne plus qu’à un fil… D’une plume à la candeur délicieuse et à l’humour taquin, Anne Villeneuve manigance une fois de plus une épopée mémorable, faisant pulluler les situations cocasses et les délectables coups du sort, tout en concoctant, l’air de ne pas y toucher, un adorable petit guide des bonnes manières. Un opuscule irrésistible qui fera rigoler plus d’un parent sous cape, et qui saura nous rappeler avec une taquine éloquence qu’il faut vaut mieux se méfier de l’information de seconde main!…


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩





Pour le lire en version originale

mercredi 2 décembre 2015

Les maisons

Par Fanny Britt, Le cheval d'août

Quatrième de couverture:
«Tessa, chanteuse classique convertie en courtière immobilière, vend des maisons et ne va pas bien. Elle élève trois fils qu’elle adore avec un homme qui la chérit. Dans trois jours, elle a rendez-vous avec Francis, un ancien amour qui n’a jamais guéri. Entre-temps, il y aura des visites de propriétés, des cabines d’essayage, des cours de natation, des ponts en bâtons de popsicle à livrer à l’expo-sciences de l’école, des étreintes dans la nuit, des deuils, des rappels de l’enfance, des fantômes, et la peur de vieillir dans l’amertume. Cesse-t-on un jour de désirer ce qu’on a désiré à vingt ans?»

Quand la vie ronronne, on oublie parfois la part d'ombre qui dort en chacun de nous; cette frénésie rayonnante du quotidien comme rempart contre le spleen. Or, quand le passé ressurgit sans crier gare, ça chamboule le château de cartes, ça secoue l'immuable. D'une plume simple et juste, Fanny Britt raconte, tout en douceur et en authenticité, ce vertige de l'adulte quand la jeunesse d'hier vient titiller la sage trentaine d'aujourd'hui de ses détresses d'autrefois.  Un opus audacieux qui sait dire la valse-hésitation de l'âme fragile sans tomber dans le drame, qui sait faire grincer le sourire et s'émouvoir le regard, qui sait faire à la fois espérer l'inéluctable et triompher le réel. Bref, une sublime incursion dans la logique bigarrée d'une vie qui est tout sauf prévisible.

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮