Par Hervé Walbecq, École des loisirs, Neuf
«Il y a les fenêtres qui s’envolent, comme des papillons multicolores.
Il y a la voiture garée dans la salle de bains, le salon transformé en piscine, et le placard à chaussures déguisé en salle à manger.
Le papier peint dont on fait une robe, et les tuiles qui composent un manteau.
Il y a le paillasson qui voudrait devenir une couverture pour enfin dormir sur un lit.
L’arbre du jardin qui part retrouver ses amis la nuit dans la forêt.
Et la maison qui s’en va jusqu’à la mer pour faire une croisière, en oubliant la boîte aux lettres.
Si tout restait toujours à sa place, le monde serait terriblement ennuyeux. Par chance, les maisons aussi ont le goût de l’ailleurs.»
J'ai tergiversé longuement avant de choisir pour vous un extrait de cet opus joyeusement déroutant: toutes les pages m'interpellaient, les phrases me faisaient de l'oeil, les illustrations me titillaient l'imaginaire, j'aurais voulu tout partager, tout souligner, tout vous faire découvrir. C'est qu'Hervé Walbecq s'est définitivement surpassé en concoctant le troisième volet de sa singulière série d'histoires insolites; de sa plume fine et coquine, il a su allier audace, sensibilité et humour, plongeant le lecteur dans les délices d'un monde rocambolesque, où tout est possible... surtout ce qui ne l'est pas! Au-delà du plaisir à bousculer les conventions, à désarçonner habilement, Hervé Walbecq raconte avec justesse la vie et ses élans, aussi saugrenus soient-ils; une bouffée de candeur excentrique et d'authenticité déjantée à laquelle vous ne pourrez que succomber. Sublime.
(... et, tel que promis, pour vous mettre l'eau à la bouche, voici une miette de ce bonheur d'ovni littéraire, tirée de l'histoire Je déteste qu'on me prenne pour une petite cuillère:
«Je déteste qu'on me prenne pour une petite cuillère. Toujours la tête à
l'envers, les lunettes au fond de la tasse, du sucre plein les yeux,
c'est très désagréable. Pourtant, mon papa n'a vraiment pas l'air de
comprendre. Le matin, dans la cuisine, il est tellement fatigué qu'il
fait n'importe quoi. Il prend le visage de mon frère pour une tartine et
lui étale du beurre sur le nez, il sucre les cheveux de ma maman puis
il les mange comme une barbe-à-papa, il trempe le chat dans son
chocolat, met les journaux dans le grille-pain, les céréales dans la
gamelle du chien... et moi, il me prend toujours pour une petite
cuillère. C'est vraiment fatigant. [...]»)
Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★
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