lundi 21 janvier 2013

La dactylographe de Mr James


Par Michiel Heyns, Philippe Rey

«En 1907, Henry James engage une nouvelle secrétaire, Theodora Bosanquet, qui demeurera à son service jusqu'à la mort de l'écrivain. Rebaptisée Frieda Wroth, elle est la voix de cet étonnant roman dont on ne sait plus vraiment qui est l'auteur, tant Michiel Heyns est un virtuose du style jamesien. Combinant faits et fiction, il recrée la petite ville de Rye et la société gravitant autour du Maître : la vie à Lamb House - la grande maison de brique où se croisent et se recroisent les domestiques imperturbables -, les invités bavards et indiscrets, la famille James (le docte professeur William, sa femme et leurs deux enfants), la redoutable meneuse des suffragettes, une medium et ses séances de spiritisme, les jeunes disciples mâles de James, sans oublier Max le chien - tous emportés dans une sorte de tourbillon. Appréciée pour sa compétence, frustrée de n'être guère plus que la dactylographe du grand homme, qui la fascine mais qu'elle observe d'un oeil critique, prise au centre d'une tragi-comique histoire de lettres compromettantes dont les principaux acteurs sont la terrifiante Edith Wharton et le beau Morton Fullerton, les deux amis de coeur de Mr James, Frieda, s'efforce, elle, d'obéir au dictum du Maître : "Profitez de la vie autant que vous le pouvez ; c'est une erreur que de ne pas le faire." Mais vivre a aussi un prix... »

Étrange hybride entre biographie romancée et fiction paranormale. Michiel Heyns tricote une vision inusitée du travail de l'artiste à travers le regard du personnage candide, et (paradoxalement) froidement observatrice, de la dactylographe, Frieda Wroth. Si l'intrigue est sympathique, bien qu'un peu cousue de gros fils, et la plume habile délicieusement rétro, le plongeon dans le spiritisme comme moteur de la narration et, plus tard, genre de Deus Ex Machina, m'a complètement fait décrochée du roman. Ce n'est pas tant le spiritisme lui-même qui, je le sais, était presque de bon goût à cette époque de vénération des curiosités, mais plutôt son rôle dans l'applanissement des difficultés, dans la capitulation des embûches, son rôle de «baguette magique narrative» qui m'a définitivement dérangée. Comme si l'auteur avait vu là une facile porte de sortie à son imbroglio, réduisant au passage le lecteur à une crédulité forcée et inconfortable. Dommage.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ☆ ☆


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