«Je m’appelle Toto. Mon autre nom, c’est Antoine. Mais personne dit Antoine. J’ai vingt-cinq ans d’âge. En chiffres de grandes personnes. Dans ma tête de corniaud, j’ai cinq ans. Tout le monde sait ça. (...) Moi, j’ai connu pas mal de choses. Avant d’être chien, je veux dire. Des choses très loin en arrière. Maman Gritte, Jacques... et l’odeur de la soupe aux pois à maman. Elle était gentille, maman, mais toujours à s’inquiéter de tout. Un jour, maman a commencé à disparaître.»
Une incursion bouleversante dans le monde de la misère humaine et de l'abandon. Louise Bombardier brode avec justesse, de sa plume fine, une narration qui se tient en équilibre précaire sur le fil fragile de la foi d'Antoine en cette vie qu'il ne comprend pas tout à fait. Si ces quelques moments dans un monde sombre et désolé auraient facilement pu basculer dans le sordide, l'auteure parvient plutôt à émouvoir grâce à la voix simple, presque enfantine, d'Antoine, qui, à travers ses mots, tait l'horreur qu'il ne voit pas, tout en la suggérant sans le vouloir entre les lignes. Bercé sobrement par l'univers visuel dépouillé et sensible de Katty Maurey, ce singulier opus ébranle doucement nos certitudes, et réussit même à nous offrir une parcelle d'espoir en guise d'épilogue. Superbe.
Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★
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