Par Jean-Pierre Charland, HMH, Les folles années 3
«1925. Thalie a enfin entre les mains son diplôme de médecine. Elle se rend vite compte qu’il s’agissait de l'étape la plus facile. Il lui reste maintenant à se constituer une clientèle, dans un monde où l'idée qu’une femme fasse carrière soulève tous les soupçons, et à affronter la misère humaine. Heureusement, elle peut toujours compter sur l'appui des membres de sa famille, en particulier sur Mathieu, jeune professionnel qui sera bientôt père. À l’époque, l'économie tourne à plein régime, la province de Québec semble se couvrir de chantiers. Des États-Unis vient un vent de modernité, alimenté par la presse à grand tirage, la musique populaire et le cinéma, qui proposent une façon de vivre plus libre, davantage orientée vers les plaisirs. Mais l'Église catholique entend protéger les âmes contre les idées nouvelles. Depuis le titulaire du diocèse jusqu'au dernier prêtre, dont Émile Buteau, curé de la paroisse Saint-Roch, chacun participe à une véritable croisade contre toutes les dangereuses innovations, depuis le vote des femmes et leur accès aux professions jusqu'aux affiches de cinéma. Mais ultiplier les interdits ne suffit pas. Les membres du clergé cherchent des modèles à offrir à la jeunesse. Les âmes sont soigneusement scrutées, à la recherche d'une religiosité précoce. Un candidat à la sainteté de 16 ans, Raymond Lavallée, devient la cause d'un affrontement entre Thalie, qui entend ramener le garçon à des habitudes de vie plus saines, et son oncle, le curé Émile Buteau, qui alimente sa crainte morbide du péché et sa recherche obsessive de moyens de se mortifier.»
Un autre intéressant volet de la série Les Folles Années. La trame est fort accrocheuse, touffue, riche en rebondissements et permet aux gourmandes comme moi de dévorer littéralement la «vie» de Thalie, Mathieu et Marie, sans égard pour les heures de sommeil que l'enthousiasme littéraire grappille. Un sujet singulier à aborder, encoe une fois, que celui du mentorat un peu trop extrême et obtu que le clergé exerçait sur de jeunes âmes à l'époque, les harcelant psychologiquement sans cesse pour leur supposé salut et assouvissant ainsi, de facon peu orthodoxe, leur propre besoin d'expiation. Charland s'y lance toutes voiles dehors, comme précédemment dans l'affaire d'Aurore, en ne ménageant aucune sensibilité, et en faisant vivre au lecteur la détresse d'une de ces «âmes» presque en temps réel. Un brin trop intense, ce chemin de croix, à mon avis. De plus, encore une fois, Charland ne résiste pas à insérer plusieurs faits historiques dans son intrigue, mais maladroitement, ostensiblement, condamnant le lecteur à subir ces «moments d'Histoire» soulignés à grands traits; j'adore les romans historiques dont la recherche est consciencieuse, mais il est sincèrement plus agréable pour le lecteur lorsque l'auteur sait s'approprier ces faits et les fusionner à la trame, ce que Charland a parfois su faire, bien que trop rarement. Cela dit, malgré ces incidents de parcours, j'ai bien apprécié ce troisième tome, ce qu'il fait découvrir sur la vie des femmes entre autre... et parce que, définitivement, le destin de la famille de Marie Picard, famille hors norme s'il en est, est indubitablement passionnant!
Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆
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