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samedi 31 décembre 2011

Moi, je sais tout sur le Père Noël

Par Nathalie Delebarre, illustré par Aurélie Blanz, Gautier Languereau, Moi, je sais tout sur

«Les grands disent que le Père Noël n'existe pas. Mais moi, je ne les crois pas. Les grands sont comme ça, à inventer n'importe quoi, tout ça parce qu'ils ne le voient même pas. Mais écoutez-moi, et là, vous n'aurez plus le choix.»

Délicieux manifeste sur le droit de croire. Nathalie Delebarre entraîne le lecteur dans un plaidoyer touchant et tendre au sujet de l'existence du Père Noël; sa plume cocasse pointe malicieusement du doigt les failles de la «Logique Implacable» et de la supposée «Vérité Vraie» des adultes. Loin de convaincre les plus petits, l'argumentaire des adultes les confortent plutôt dans leur vision de la réalité, dans leur indiscutable conviction concernant le Père Noël. Quant à l'univers visuel d'Aurélie Blanz, tout en textures et en sensibilité, c'est un pur bonheur que de le déguster, rempli qu'il est d'une foule de détails à découvrir. Un indispensable pour les irréductibles fervents du Père Noël, petits ou grands.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

vendredi 30 décembre 2011

Debout, Couché!

Par Cédric Ramadier, illustré par Vincent Bourgeau, École des Loisirs, Loulou et cie

«Grâce aux rabats très ingénieux de chaque page, on peut voir les personnages passer d’un état à son opposé. Cécile est au sec puis plouf! Elle est mouillée. Cédric est en haut puis boum! Il se retrouve en bas.»

Un délicieux recueil d'aventures où les contraires s'attirent irrésistiblement. La plume de Cédric Ramadier, simple, habile et rigolote donne le ton à un savoureux festival des opposés qui fait éclater de rire! Et l'hilarité devient générale grâce à l'univers tendre de Vincent Bourgeau: ses personnages, attachants et désopilants, font vivre l'action sur le même ton judicieusement désinvolte que celui de la narration. Une complicité auteur/illustrateur qu'il fait bon lire! Du plaisir garanti pour les petits ricaneux... et leurs parents!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★  

mercredi 28 décembre 2011

Nathan et son chien

Par Laurence Aurélie, illustré par Marion Arbona, Les 400 coups, Léa et Nathan 2

«Nathan et son chien nous présente la relation tout en complicité de Nathan et de son fidèle compagnon, Jules. Ensemble, ils font des tours de magie, ils critiquent des films et font des pirouettes. Jamais ils ne s'ennuient.»

Un deuxième opus du duo Aurélie/Arbona, un brin moins envoûtant peut-être que le délicieux Léa enquête. Cette fois, Laurence Aurélie présente un tour d'horizon de l'amitié authentique entre Nathan et son chien. Si leurs mille et un tours, et leurs mondes imaginaires sont farfelus à souhait, l'histoire tombe un peu à plat: pas d'intrigue, ni de construction narrative audacieuse, seulement un inventaire des agissements en commun de l'inséparable duo. Cela m'a un poil décue, je dois dire... Par contre, l'univers visuel de Marion Arbona est toujours aussi juste et délectable: elle sait indiscutablement croquer l'enfance sur le vif! Un album sympathique donc, mais auquel il manque un petit quelque chose...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Léa enquête

Par Laurence Aurélie, illustré par Marion Arbona, Les 400 coups, Léa et Nathan 1

«La jeune Léa enquête sur la disparition d'Isidore, son doudou. Où peut-il bien être? Le retrouvera-t-elle? Une recherche qui la mènera dans les quatre coins de sa maison!»

Un mystère enlevant et cocasse pour les tout jeunes limiers. La plume simple et poétique de Laurence Aurélie transporte le lecteur dans une quête sympathique où il découvre avec plaisir les objets et les lieux quotidiens de l'enfance. L'univers visuel malicieux et taquin de Marion Arbona appuie avec sensibilité et justesse la narration rigolote de l'auteur. Un opuscule parfait pour tous les petits curieux.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★  

mardi 27 décembre 2011

Grand-Remous

Par Mélanie Tellier, illustré par Melinda Josie, Marchand de Feuilles, Bourgeon

«Cassandre est tombée amoureuse de Duncan, un marin écossais qui a tout le temps faim. Sur le bateau qui l'a mené en Amérique, il a mangé des boeufs entiers, des barils de cornichons, de la confiture, une boîte de clous et le drapeau britannique. Dans le petit village de Grand-Remous, où il habite avec sa douce moitié, on le soupçonne même de manger les chats. Car depuis quelque temps les chats disparaissent. Le persan chocolat du postier, la chatte d'Espagne de Marie, les deux sphinx de Rodolphe et d'Annette et même le birman de Cassandre. Où se cachent-ils? Grand-Remous n'a jamais été aussi sens dessus dessous depuis l'inondation qui a submergé le village autrefois et qui n'a laissé intact que le clocher de l'église. Les chats rentreront-ils au bercail?»

Deuxième opus du duo Tellier/Josie, à l'univers toujours aussi singulier et démontrant une complicité auteure/illustratrice remarquable.  Les deux créatrices se lancent cette fois dans le polar amoureux avec une intrigue à deux têtes délicieusement déroutante et une gallerie de personnages et de lieux alliant absurde et pittoresque. J'ai eu un coup de coeur pour Grand-Remous, ce village créé après l'inondation de l'ancien village, et qui, avec son clocher dépassant des eaux, fait planer une brise d'Atlantide et de tragédie grecque sur cet album qui ratisse indiscutablement hors des sentiers battus. À découvrir donc...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

vendredi 23 décembre 2011

Mamythologie

Par Séverine Vidal, illustré par Lionel Larchevêque, Frimousse

«"Je vais lui expliquer, moi, à Tonton Marcel! Je vais lui dire qui c’est Mamy, qui c’est pour de vrai. Il arrêtera de se moquer, de faire sa tête de travers et de lever les yeux au ciel."»

Incursion tendre et émouvante dans le monde de la vieillesse et de la mémoire qui s'enfuit. La plume de Séverine Vidal réussit à allier avec brio humour, fraîcheur et sensibilité; à travers son regard d'enfant, une grand-mère, même toute éparpillée, devient une chouette super-héroïne faisant l'envie de tous et toutes. Quant à l'univers visuel cocasse de Lionel Larchevêque, il fait planer une brise de délicieuse légèreté sur cette aventure bigarrée où l'imagination adoucit le deuil. Un farfelu petit bijou d'humanité et d'espoir, donc, en cette époque où l'Alzheimer courtise sans vergogne les Mamies et les Papies de nos familles.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★  

jeudi 22 décembre 2011

Frénésie silencieuse...


En cette période des Fêtes, frénétique, étourdissante, épuisante pour tous ceux et celles qui oeuvrent dans le commerce au détail comme moi, je voulais seulement vous rassurer concernant mon fil de nouvelles plutôt silencieux des dernières semaines. Si je n'ai pas dévoré autant de livres qu'à l'accoutumée, c'est que dès mon retour du boulot, après avoir suggéré des livres tout plein aux «lutins du Père Noël» venus me voir pour compléter leurs étrennes, la fatigue me taquine, le sommeil m'enrobe, et je peine à garder les yeux ouverts. Mais n'ayez crainte, tout rentrera dans l'ordre après le Nouvel An! Avec toute cette joyeuse brassée de livres à paraître d'ici le printemps, et quelques bonnes heures de sommeil derrière la cravate, je vais plonger de nouveau, avec délice, dans ce tourbillon enivrant de livres tout neufs!

Alors, ne désespérez pas! Vous retrouverez cette bonne vieille Lili-la-gourmande dans moins de deux semaines!

En attendant, je vous souhaite tout plein de temps sauvage pour dévorer vos livres, entre deux réunions familiales du temps des Fêtes!

mercredi 14 décembre 2011

Le fils de la nouvelle fiancée de Papa

Par Séverine Vidal, illustré par Kris Di Giacomo, Frimousse, Prune 2

«"Prune, je te présente Paul, le fils de Léa" m'a dit Papa. Cosmo est tout content, ça lui fait un nouveau frère pour jouer au foot. Moi, j'attends de voir qui est vraiment ce Paul, le fils de la nouvelle fiancée de Papa.»

Suite savoureuse des aventures de Prune, héroïne cocasse au quotidien mouvementé. Séverine Vidal propose encore une fois une narration mémorable, réussissant à éviter les pièges de l'ostensiblement éducatif, tout en évoquant une situation courante de nos jours: la famille recomposée et ses aléas. Tout aussi habile et réjouissant que le tome précédent, ce roman peut de nouveau compter sur l'univers visuel délicieusement hors norme de Kris Di Giacomo. Une série rafraîchissante qui fera sourire petits et grands.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

La grosse rumeur

Par Séverine Vidal, illustré par Kris Di Giacomo, Frimousse, Prune 1

«Barnabé a raconté que Kevin lui a dit que la maman de Paul a dit que Fanny a dit qu'Omar sait quelque chose de grave sur Marie... Voilà comment démarre cette chose bizarre qu'on ne peut plus arrêter : la rumeur!»

Premier tome d'une délectable série pour les lecteurs débutants. Je suis totalement tombée sous le charme de la truculente Prune, et de sa vision délicieusement cynique de la vie. Séverine Vidal signe ici un texte hilarant, tendre et juste, qui, bien qu'il aborde une «problématique» toute enfantine, ne verse pas dans le pontifiant. L'univers visuel de Kris Di Giacomo, sensible, échevelé, habile, accompagne avec éloquence le lecteur au coeur de cette aventure remplie de rebondissements. À mettre entre toutes les petites mains!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★  

lundi 12 décembre 2011

Le Diadème de Bérysl

Par Arthur Conan Doyle, illustré par Christel Espié, Sarbacane, Sherlock Holmes 2

«Un banquier reçoit en gage un somptueux diadème appartenant aux joyaux de la Couronne. Par sécurité, il l'emporte chez lui, mais en pleine nuit il surprend son fils, le diadème endommagé à la main et privé de ses pierres précieuses. Sherlock Holmes et Watson mènent l'enquête.»

Sympathique deuxième tome des enquêtes de Sherlock Holmes. J'adore toujours autant le format et la facture de cette série de romans graphiques: couverture rigide, papier épais et texte aéré. Et bien sûr, le charme du style d'Arthur Conan Doyle demeure puisqu'il s'agit de la traduction fidèle du texte intégral. Si l'univers visuel de Christel Espié est plutôt conventionnel, il donne cependant à cette édition contemporaine une juste et réjouissante bouffée d'ère victorienne. Une belle façon de redécouvrir cet inénarrable duo de fins limiers.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

vendredi 9 décembre 2011

Le Cristal qui pousse

Par Steve Proulx, Trécarré, Le Cratère 1

«Simon et Lili partent à la recherche d’un étrange cristal ayant été inexplicablement volé au Musée de la météorite de Grise-Vallée. Au cours d’une expédition spéléologique aussi périlleuse que salissante, ils découvriront que ce fameux "cristal qui pousse" ne représente en fait que l’ombre d’un tout petit flocon sur la pointe d’un iceberg titanesque…»

Une intrigue enlevante et frisant délicieusement l'improbable. La plume vivante de Steve Proulx narre avec humour et autodérision ce premier tome des aventures saugrenues de Simon et Lili, au coeur de leur étrange Grise-Vallée. Prenant directement à partie le lecteur en commentant l'action, des détails de l'histoire ou par le biais de notes de bas de page rigolotes (ce qui n'est pas sans rappeler l'inoubliable Robert Soulières), Steve Proulx parvient à captiver son lectorat en moins de deux. J'ai dévoré cette enquête hors norme jusqu'à la toute dernière page, empiétant sur ma nuit sans remord. Une série au ton rafraîchissant et au rythme endiablé. À lire absolument.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★   

mercredi 7 décembre 2011

Comme un poisson dans l'eau - Carnet de curiosités de Magnus Philodolphe Pépin

Par Thierry Dedieu, Petite Plume de Carotte, Magnus Philodolphe Pépin 2

«Après sa soudaine envie de voler, qu’est-ce qui pique Magnus Philodolphe Pépin? Eh bien… une soudaine envie de nager! Une façon belle et originale de regarder la nature, inspiratrice des rêves les plus fous. Dans le second tome de cette nouvelle collection, Magnus Philodolphe Pépin n’hésite pas à rester plusieurs minutes sous l’eau, sans respirer, pour observer têtards, mollusques et larves… Il confectionne même un vrai costume de grenouille et se risque à chevaucher un brochet pour atteindre son but : devenir poisson…»

Je l'attendais avec tant d'impatience, ce deuxième tome des Carnets de curiosités de Magnus Philodolphe Pépin!... et j'ai malheureusement été déçue. Tout d'abord, la plume de Thierry Dedieu (dont j'adore habituellement la finesse et la singularité du style) ne m'a pas impressionnée outre mesure; en effet, la construction du récit est plutôt maladroite et la fin arrive sans prévenir. Les «idées» de Magnus Philodolphe Pépin sont toujours aussi hilarantes et saugrenues par contre, mais on dirait que leur mise en images n'est pas aussi fascinante que prévu. De prime abord, la recette de l'univers visuel semble pourtant similaire au concept du premier opus: un hybride entre l'album et le carnet personnel, un mariage astucieux entre le sobre et vieillot sepia, et la polychromie déjantée. Et pourtant, la magie n'opère pas aussi aisément. Bien sûr, il y a le choix d'un papier mat pour l'impression; papier qui rend la superposition entre les deux styles visuels plus visible, plus artificielle, moins habile. Mais ce n'est pas que ça... On dirait aussi que le concept s'essouffle, que l'exploitation de la prémisse prometteuse de ces carnets de curiosités n'est plus aussi inventive, qu'elle est moins rafraîchissante. C'est donc avec une pointe de regret que j'ai refermé cet album... en espérant retrouver le Magnus Philodolphe Pépin déroutant et cocasse du tout début de la série, dans un futur carnet de curiosités.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ☆ ☆

lundi 5 décembre 2011

Le Yark

Par Bertrand Santini, illustré par Laurent Gapaillard, Grasset Jeunesse

«Il adore les enfants! Parmi tous les types de Monstres qui grouillent sur la terre, l'Homme est l'espèce la plus répandue. Il en est une autre, cependant, plus rare et moins connue. C'est le Yark.»

Délicieux récit politiquement incorrect. Bertrand Santini ose braver les «interdits» de la littérature jeunesse en choisissant un monstre, un vrai de vrai, sans pitié et tout, comme personnage principal (bien sûr, à force de côtoyer les humains, et une certaine Madeleine en particulier, cet irrévérencieux Yark s'attendrira un brin, à sa plus grande surprise). À mi-chemin entre la prose, la poésie, la critique sociale et le conte cruel, cette aventure débridée arrache au lecteur rires grinçants et frissons de peur... sans oublier d'émouvoir. Ajoutez à cela l'univers monochrome échevelé de Laurent Gapaillard (impressionant de finesse!), et vous aurez en main un opus dérangeant à souhait à découvrir absolument.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

dimanche 4 décembre 2011

Extremely Loud and Incredibly Close

Par Jonathan Safran Foer, Houghton Mifflin Harcourt

«Nine-year-old Oskar Schell is on a mission to find the lock that matches a mysterious key belonging to his father, who died in the World Trade Center on 9/11. An inspired innocent, Oskar is alternately endearing, exasperating, and hilarious as he careens from Central Park to Coney Island to Harlem on his search. As he roams the five boroughs, Oskar encounters a motley assortment of people who are all survivors in their own way. His journey concludes in an emotional climax of truth, beauty, and heartbreak.»

Des années à me faire dire par mes collègues libraires: tu dois lire ce livre. Et moi, affairée, de leur répondre que oui, bon, je sais, c'est noté dans ma liste, je suis débordée, et il y a toutes ces nouveautés qui m'empêchent de m'y plonger. Premier constat: j'ai été une idiote de première d'avoir repoussé si longtemps un tel opus. Alors, vous qui lisez Lili, où que vous soyez, si vous avez toujours été attirés par ce livre, n'hésitez plus: il vous envoûtera ou vous choquera, mais il ne pourra vous laisser indifférent. En ce qui me concerne, j'ai été happée, dès les premières lignes, par la prose de Jonanathan Safran Foer. Si particulière, elle est à la fois touffue et fragile, échevelée, intense, bouillonnante, délicieusement cynique et rafraîchissante, mais surtout incroyablement sensible. Dans un embrouillamini d'émotions, de silences dévorants, de malentendus, de remords, de tristesse et de moments de grâce, l'auteur parvient à transmettre au lecteur, à travers une narration à plusieurs voix, habilement déconstruite, la Vie dans tout ce qu'elle a d'inextricable et d'inévitable. Un roman implacable, d'une douceur triste et d'une finesse délectable. À lire. Point.




Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★  



Pour le lire en version française

samedi 3 décembre 2011

Une poule derrière un mur

Par Jean-François Dumont, Flammarion, Albums du Père Castor

«Un matin d'automne, un hérisson arrive dans la cour de la ferme. Panique chez les poules qui décident de construire un mur pour éviter à l'avenir, toute intrusion d'animaux à piquants. Mais une fois l'hiver passé, le hérisson sort de la paille et plus personne ne veut qu'il s'en aille.»

Une histoire de basse-cour hilarante et délicieusement ridicule qui rappelle gentiment la bêtise humaine et son penchant pour les préjugés. Jean-François Dumont propose un univers visuel tout en douceur, mélange de sensibilité et d'humour. Un album qui stimule habilement la réflexion et qui fera rigoler à coup sûr!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Charles à l'école des dragons

Par Alex Cousseau, illustré par Philippe-Henri Turin, Seuil jeunesse

«À l'école des dragons, on apprend à voler et à cracher du feu. Sauf quand on s'appelle Charles et qu'on préfère écrire des poésies.»

Histoire singulière d'un dragon solitaire, poète dans l'âme. Alex Cousseau narre de sa plume fine et douce les premiers pas laborieux de Charles à l'école: sa différence physique et sa passion plutôt marginale pour les mots. Or, si l'histoire est habilement construite, la fin semble nous filer entre les doigts. Tout arrive si vite! Charles change de cap sans crier gare, laisse ses mots derrière lui et s'envole vers l'inconnu. «Et les mots? Et sa poésie?», me suis-je dit, un poil déçue, après avoir refermé le livre. Un petit bémol concernant la fin donc... mais, par contre, quel univers visuel splendide et majestueux que celui de Philippe-Henri Turin! Tout y est: la riche palette, les illustrations fourmillant de petits détails, les expressions éloquentes des personnages, et la sensibilité du trait. Un pur délice pour les yeux! Un album qui vaut donc le détour, et qui mérite tout de même le Prix jeunesse des libraires du Québec qu'il s'est vu décerné, ne serait-ce que pour la narration visuelle inoubliable.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

vendredi 2 décembre 2011

L'oie qui jouait de la trompette

Par Benoît Charlat, Les 400 coups, Les Zigotos

«Il était une fois une oie qui jouait super bien de la trompette...»

Adorable histoire, pleine d'humour et de rebondissements. Les péripéties sont réjouissantes (beaucoup plus que celles de La chèvre qui mageait des tartines d'ailleurs!) et les illustrations, savoureuses. Un album à mettre entre toutes les petites mains pour des éclats de rire garantis! Attention toutefois, le carton utilisé pour l'album est trop mince et gondole facilement!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

La chèvre qui dévorait ses tartines

Par Benoît Charlat, Les 400 coups, Les Zigotos

«Il était une fois une chèvre un peu gourmande qui dévorait ses tartines...»

Historiette rigolote et toute simple qui fera le bonheur des tout-petits. Les illustrations sont cocasses (bien que les petites dents pointues de la chèvre puissent faire un brin peur!) et le format parfait pour les mains menues. Petit bémol toutefois: le carton utilisé pour l'album est trop mince et gondole facilement. Dommage pour un livre qui risque d'être manipulé sans ménagement.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ☆ ☆

jeudi 1 décembre 2011

Cou-ci, Cou-ça

Par Anne Louchard, Minedition

«Une chose est sûre: les girafes, elles aussi, doivent dormir. Mais comment font-elle donc avec leur cou interminable? Est-ce qu’elles se mettent en rond? ou bien sur leur dos? Avec un peu de fantaisie, on peut s’imaginer toutes les possiblités, mais à la fin, il n ‘y en a qu’une, évidente.»

Adorable historiette au prétexte philosophico-rigolo. Anne Louchard mène l'enquête de sa plume cocasse et si délicieuse. Et quel univers visuel réussi! Tout en simplicité, juste et éloquent, il titille joyeusement l'imaginaire du lecteur. Un album que les tout-petits (et même les plus grands!) voudront relire encore et encore! Exquis. En lice pour le Prix jeunesse des libraires du Québec, il aurait mérité de gagner!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★   

La révolte des mots

Par Christine Pompeï, illustré par Izou, Auzou

«Au Royaume de Pompeux 1er, les mots se sont révoltés. Cassants, blessants et méprisants, ils se sont attaqués aux habitants. Puis ils ont disparu à jamais, laissant derrière eux un royaume muet. Comment reconquérir les mots et sauver le royaume du Silence? La princesse Emmy devra faire preuve de patience et de confiance pour trouver le secret des mots...»

Histoire tout douce, sorte de quête initiatique où le Silence est à la fois une malédiction et un salut (grâce à la princesse Emmy qui n'a jamais soufflé mot). Christine Pompéï tricote toutefois cette quête silencieuse avec une certaine maladresse; en effet, l'histoire vole dans tous les sens et le lecteur peine parfois à suivre. Trop de belles prémisses exploitées sans doute: mieux vaut parfois choisir plutôt que d'étourdir. Cela dit, l'univers visuel proposé par Izou est tout à fait sublime, avec ses mille et une textures et son allure échevelée de collage sympathique. L'éloquence, qui fait par moment défaut à la narration de Christine Pompéï, transpire à travers les illustrations, racontant une émouvante histoire avec tendresse et sensibilité. On est loin, bien sûr, de La grande fabrique de mots ou de La grammaire est une chanson douce (le texte de Pompéï aurait mérité un brin d'édition avant d'être publié), mais il s'agit d'un album à déguster du regard, ne serait-ce que pour la poésie visuelle.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Rosalie et les princesses roses

Par Raquel Diaz Reguera, Talents hauts

«Rosalie en a assez d'être une princesse rose. Elle va interroger tout le royaume et convaincre chacun, roi, reine, fée et conseillers, que les filles ne sont pas des fleurs fragiles et peuvent tout faire comme les garçons. Mais alors pourquoi les petites filles veulent-elles toujours être des princesses roses?»

Sympathique ode à la libération des princesses roses. Raquel Diaz Reguera propose ici une véritable croisade royale pour le droit à l'égalité des sexes. On s'attache rapidement à cette Rosalie ébouriffée qui rêve de voyage et d'aventures, plutôt que de princes charmants. Si l'univers visuel m'a un brin moins enchantée (le médium utilisé produisant un rendu plutôt froid et sans vie), la petite fille rebelle en moi s'est réjouie de ce conte de fées pas tout à fait orthodoxe. À découvrir...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

mardi 29 novembre 2011

Un goûter en forêt

Par Akiko Miyakoshi, Syros

«Quand Kikko se réveille ce matin-là, tout est blanc dehors. Son papa va chez sa grand-mère pour l'aider à déblayer la neige. Mais il oublie d'emporter le gâteau préparé pour elle. La petite Kikko décide de l'apporter elle-même. Elle suit les traces de son papa dans la neige, se hâtant derrière la grande silhouette au manteau noir qui s'enfonce dans le bois.»

Aventure touchante au coeur d'une forêt farfelue, clin d'oeil habile à l'univers du Petit Chaperon rouge. Akiko Miyakoshi plonge le lecteur dans un monde où l'imaginaire et la réalité s'enlacent tendrement, ouvrant la porte à tous les possibles. Les illustrations, aux textures éloquentes, remplies d'hiver et de cette fantaisie que cultive l'enfance (et dont l'utilisation du fusain sur papier bristol est un mémorable délice!) sont tout simplement envoûtantes. Une douce ballade enneigée à découvrir donc, lorsque le vent souffle en rafales derrière la vitre.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

15, rue des Capucins

Par Virginie Hanna, illustré par Nina de San, Mic_Mac, À pas de loup

«Il est des noms de rues qui marquent une histoire à jamais. La rue des Capucins est de celles-là. Pour Louise et Pierre, c'est ici que tout a commencé, il y a bien longtemps...»

Une petite historiette à l'anciennce, qui fleure bon la lavande. Virginie Hanna raconte habilement les premiers balbutiements d'un amour plus fort que tout; plus fort que les classes sociales, que la grogne des ouvriers, que le temps qui file. Mais quel univers visuel décevant! Ostensiblement créés par ordinateur (et maladroitement d'ailleurs, si on se fie à l'omniprésence d'un «flou pseudo-vieillot», raté et nuisible), les personnages et leur contexte sont froids et aseptisés. En effet, les illustrations de Nina de San ne dégagent absolument rien, pas une seule étincelle de vie, pas un poil de charme ni de sensibilité. C'est tellement dommage! Avec une histoire si réussie, cet album aurait pourtant pu vibrer d'émotions... si par exemple Rébecca Dautremer lui avait prêté sa sensibilité d'illustratrice chevronnée! Hélas, la magie n'opère pas. Triste.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ☆ ☆

Sacré glouton

Par Simon Bruce Montgomery, illustré par Alexandra Colombo, Mic_Mac

«Deux petites souris rusées passent leur temps à grignoter la nourriture de Glouton. Où le chat pourrait-il bien les envoyer pour qu'elles arrêtent enfin de gâcher ses repas?»

Mésaventure rigolote d'un chat trop gourmand. Simon Bruce Montgomery propose une savoureuse histoire, traficotant avec habileté le principe de l'arroseur arrosé; une histoire qui prend réellement vie grâce à un univers visuel réjouissant, rempli de détails savoureux à déguster, gracieuseté d'Alexandra Colombo. Un petit coup de coeur pour le personnage de Glouton, ridiculement rondouillard, et à la bouille si irrésistible. Un album sympathique, pour les fins gourmets qui n'ont pas peur des souris!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆


Pour le lire en version originale

samedi 26 novembre 2011

Monsieur

Par Marie-Ange Guillaume, illustré par Henri Galeron, Les Grandes Personnes

«J’habite chez mon chat. Monsieur me sous-loue un oreiller mais tout le reste lui appartient : les plantes vertes, la poubelle, les piles de pulls dans l’armoire, les radiateurs, le canapé, les parties dodues des copains assis sur le canapé, le frigo, la gamelle du chien, l’ordinateur – et la souris, bien sûr. En échange de quelques menus services (transport de litière, ouverture de boîtes, manucure, pédicure), Monsieur accepte de me tenir chaud l’hiver et aussi l’été…»

Ode malicieuse à ce coquin, cet indomptable: le chat domestique. La plume habile et délicieusement cynique de Marie-Ange Guillaume croque avec justesse le quotidien mouvementé des propriétaires de chats. Comment les chats finassent, comment ils manipulent, comment ils règnent sur l'univers de leur «maître». Les illustrations majestueuses et éloquentes d'Henri Galeron, joyeusement démesurées, pointent bien la place minime qu'occupent les humains et les autres animaux de compagnie dans le royaume de ce félin. Un album totalement hilarant que devraient avoir en main tous ceux qui s'apprêtent à accueillier un «gentil petit minet» à la maison!...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★    

lundi 21 novembre 2011

Coucou bébé!

Par Jacques Pasquet, illustré par Manon Gauthier, Isatis

«Bébé est tellement bien dans le ventre de sa maman qu’il n’a pas du tout envie d’en sortir. Toutefois, papa et maman ne voient pas les choses du même oeil. Armé de belles paroles et de promesses, papa tentera, par tous les moyens, d’inciter bébé à faire enfin son apparition. Parions qu’il faudra une proposition plus qu’alléchante pour donner envie à bébé de montrer le bout de son nez.»

Petite fable du début de la vie qu'il fait bon raconter. Jacques Pasquet nous murmure cette drôle d'épopée à l'oreille, d'une plume toute douce. Certes, la fin est un brin simpliste et prévisible, mais l'aventure est si charmante jusque-là qu'on lui pardonne bien vite cette légère maladresse. Quant à l'univers visuel de Manon Gauthier, il est émouvant, coquin, superbe quoi! J'ai un petit faible pour la délicieuse illustration représentant la maman toute ronde, avec bébé au centre du bedon, en train de faire son yoga sur son petit tapis; une composition parfaite et ce contraste chatoyant du rouge de la robe avec la palette délicieusement délavée de Manon Gauthier. Un délice pour les yeux que les tout-petits réclameront encore et encore.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

La petite mauvaise humeur

Par Isabelle Carrier, Bilboquet, Les trésors

«Pit et Pat s'entendaient à merveille. Rien ne pouvait les séparer! Un jour, pourtant, tout changea...»

Historiette toute simple, et vraiment attachante. Isabelle Carrier met en mots et en images l'essentiel de la discorde, dans tout ce qu'elle a parfois d'anodin et pourtant d'insurmontable. Son univers visuel naïf, incroyablement rigolo et définitivement éloquent pointe au lecteur que la solution est parfois plus évidente qu'on ne le croit... Un petit bijou pour démêler les grosses chicanes.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Le jardin secret de Monsieur Tic-Toc

Par Michaël Escoffier, illustré par Nicolas Gouny, Frimousse

«Monsieur Tic-Toc a une pendule bien réglée à la place du coeur. Il reste enfermé dans son univers et critique tout ce qui ne semble pas lui convenir. Mais un jour, de drôles de personnages s'imposent à lui avec leurs bruits.»

Savoureuse histoire qui met joyeusement les repères sans dessus-dessous! La plume de Michaël Escoffier est farfelue à souhait, jonglant finement avec les certitudes du lecteur et le poussant avec adresse vers une réjouissante conclusion qui, bien qu'elle semble poursuivre un but éducatif, le fait discrètement et fort habilement. Quant aux illustrations de Nicolas Gouny, elles sont tout simplement savoureuses! On voit même ses mémorables ours au long nez de Jérôme, Amédée et les girafes se pointer, sans crier gare, dans la vie trop bien réglée de Monsieur Tic-Toc! Cet album est une cocasse création à quatre mains d'un duo auteur/illustrateur qui semblent définitivement parler le même langage! Délectable.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★    

Uik, le cochon électrique

Par Karin Serres, illustré par Till Charlier, Rouergue

«Un jour d'orage, Uïk reçoit la foudre et devient un cochon électrique. Ses maîtres l'utilisent alors à toutes sortes de travaux mais sans jamais le remercier, jusqu'à ce que Uïk décide de s'en aller.»

Sympathique petite aventure électrique pour les cochonnets en mal de sensations... La plume de Karin Serres, simple, efficace, narre le tout en deux coups de cuillères à pot. Ce à quoi renchérit Till Charlier en étoffant de ses illustrations totalement divertissantes les déroutantes péripéties d'Uïk. Un périple délicieusement improbable qui fait voir les coups de foudre d'un autre oeil...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Le bus de Rosa

Par Fabrizio Silei, illustré par Maurizio A. C. Quarello, Sarbacane

«Detroit, le musée des Transports. Assis dans un vieux bus, un vieil homme noir raconte à son petit-fils la ségrégation raciale dans l’Amérique de sa jeunesse : à l’école, dans les bars, dans le bus. Il lui raconte aussi comment, le 1er décembre 1955, une femme, Rosa Parks, refusa de céder sa place dans le bus à un Blanc, lançant le mouvement pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis. Une histoire que le grand-père connaît bien : il se trouvait lui aussi dans le bus, ce jour-là. Assis à côté de Rosa. Mais il n’a pas eu son courage…»

Un pan d'histoire à découvrir... La plume de Fabrizio Silei laisse toute la place à l'Histoire avec un grand H en narrant simplement, de façon clairement didactique mais sans lourdeur, ce catalyseur si important de l'histoire contemporaine des Noirs d'Amérique du Nord. Niché au coeur de l'univers visuel riche, aux textures expressives, de Maurizio A. C. Quarello, l'acte déterminé de Rosa Parks prend alors toute sa valeur. Un album qui ouvre les horizons...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

La mélodie de Mélodie

Par Hubert Ben Kemoun, illustré par Bruno Heitz, Seuil jeunesse

«Samedi dernier, un peu après minuit, on a vu passer dans la maison de Mélodie, une ombre. Enfin, c'est ce que certains ont dit. Une ombre qui se déplaçait sans bruit. Et vers minuit et demi, un cri a retenti. Celui de Mélodie. Un cri terrible qui a déchiré la nuit...»

Oh! Quelle déception que ce nouvel opus de la plume habituellement si agile et fine d'Hubert Ben Kemoun! Si ses histoires sont souvent remplies d'une poésie désarmante, cette fois, il martèle les rimes comme un marteau-piqueur, à la manière d'un laborieux exercice de style scolaire. La prémisse était pourtant si prometteuse!... Dommage, très dommage. Toutefois, l'album vaut quand même une petite visite, ne serait-ce que pour découvrir l'univers visuel singulier de Bruno Heitz. En effet, il plonge le lecteur dans un monde tout en ombres et en mystères, narrant l'intrigue avec une éloquence et une fantaisie qui malheureusement font défaut à Ben Kemoun cette fois-ci (on est à malheureusement à des lieux du Ventre de la Chose).


Lili lui donne: ★ ★ ★ ☆ ☆

dimanche 20 novembre 2011

L'Herbier des fées

Par Sébastien Perez, illustré par Benjamin Lacombe, Albin Michel Jeunesse

«L’Herbier des Fées est le carnet intime d’un éminent botaniste russe. Détaché du cabinet des sciences occultes de Raspoutine, en quête d’un élixir d’immortalité, ses recherches le mènent en forêt de Brocéliande, célèbre pour ses plantes médicinales et ses légendes. Ce qu’il découvre dans ces bois va bouleverser sa vie à jamais…»

Tant, tant attendu, cet herbier singulier... et heureusement, le plaisir est indiscutablement au rendez-vous! À mi-chemin entre carnet de curiosités de la fin du IXe siècle, herbier de plantes médicinales, mystérieux fait divers historique et monde féérique, cet étrange opus est un délectable tour de force littéraire et visuel. Sébastien Pérez et Benjamin Lacombe, souvent complices dans la création à quatre mains, ont su tricoter une fine dentelle de fiction, délicat miroir d'un réel possible du début du siècle, tout en ouvrant toute grande la porte de l'inusité et de l'inexplicable. J'ai savouré chaque page, observant avec ravissement ces créatures particulières de la mythique forêt de Brocéliande prendre vie, croquées avec tendresse par Benjamin Lacombe, mais j'ai aussi plongé avec bonheur dans le destin tragique (ou salutaire, ça dépend du point de vue!) de ce botaniste russe en mission pour Raspoutine. On s'attache presque instantanément à tous les personnages, sauf peut-être aux grands décideurs russes qui, pour assouvir leurs besoins personnels d'immortalité (!), ont envoyé un botaniste en mission impossible... D'un autre côté, sans ces vils personnages, les fées de Brocéliande n'auraient jamais croisé le chemin d'Aleksandr Bogdanovitch, et cet herbier n'aurait jamais pu voir le jour! Un album bouleversant à déguster lentement... et à découvrir dans une version numérique interactive qui ne peut qu'ajouter à l'enchantement!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★    

samedi 19 novembre 2011

Le jardin secret de Lydia

Par Sarah Stewart, illustré par David Small, Syros

«Les parents de Lydia ont des difficultés et l'envoient comme apprentie à la boulangerie de son oncle Jim, à la ville. 
"5 mars 1936
Chers Maman, Papa et Grand-mère, J'ai découvert un endroit secret. Vous n'imaginez pas combien c'est formidable! Personne d'autre que moi ne sait qu'il existe, à part Otis. J'ai de grands projets. Merci pour toutes vos lettres. Je vais essayer d'écrire davantage, de mon côté. Mais je suis très occupée à planter toutes vos graines dans des tasses à thé ébréchées et dans des moules à gâteaux déformés! Et puis, Grand-mère, tu devrais sentir la bonne terre que je rapporte du terrain vague, en bas de la rue. Je vous embrasse tous."»

Une belle découverte, au détour d'une étagère, proposée par une collègue libraire... C'est un album d'une douceur et d'une tendresse infinies, malgré l'oncle Jim et son air grognon; en fait, je crois que ce qui émeut le plus, c'est bien ce silence bourru de l'oncle Jim, cette sensibilité bien cachée derrière un air impénétrable. La plume délicate de Sarah Stewart souffle ce monologue épistolaire avec une fraîche candeur qui illumine le contexte pourtant sombre de l'histoire; histoire qui s'épanouit à travers les illustrations fines, aux teintes délicieusement vieillottes de David Small. Une correspondance douce et fleurie à découvrir absolument!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★    


Pour le lire en version originale

jeudi 17 novembre 2011

Quand soudain il se passa quelque chose de plus terrible encore!

Par Bertrand Santini, La Bulle

«Un petit lapin gambade tranquillement quand, soudain, il se passe quelque chose de terrible : il se fait attraper par un aigle! À partir de là, les situations de plus en plus catastrophiques – et de plus en plus rocambolesques – s’enchaînent...»

Une histoire farfelue toute en silhouettes; un pari audacieux (et tout à fait réussi!) de Bertrand Santini. La trame est simple, efficace et délicieusement cocasse malgré son allure apocalyptique. Bertrand Santini entraîne le lecteur dans une suite inéluctable de coups du sort, flirtant avec l'«effet papillon», tout en avançant avec une candeur désarmante qu'à quelque chose malheur est bon! Un habile album, un brin philosophique et totalement désopilant.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★

mardi 15 novembre 2011

Le père Noël démissionne

Par Jacques Pasquet, illustré par Anne Villeneuve, Hurtubise

«Père Noël n'est pas content. Après sa grande distribution de cadeaux, savez-vous ce qu'il a reçu, chez lui, au Pôle Nord? Des plaintes! Beaucoup de plaintes! Des enfants n'ont pas eu les cadeaux qu'ils voulaient, d'autres n'en ont pas reçu suffisamment, il y a même des parents mécontents! Comble du malheur, un avocat le convoque même en justice! Trop, c'est trop. Père Noël en a assez. Qu'a-t-il à faire de toute cette ingratitude? Il démissionne!»

Intéressant regard sur le métier le plus envié des enfants: celui de Père Noël. La plume touchante de Jacques Pasquet insuffle une bouffée d'humanité au bon vieux et mythique barbu du temps des Fêtes en nous faisant comprendre avec éloquence et finesse sa détresse, sa colère et son impuissance face à l'ère du 2.0. L'auteur fait ainsi un habile clin d'oeil au fossé technologique qui se creuse entre les générations actuellement, rendant souvent la communication difficile voir impossible, puis fait un admirable pied-de-nez à notre sacro-sainte société de surconsommation. Un sympathique et émouvant opuscule qui ramène à l'essentiel, sans faire la morale, en rigolant un brin.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

lundi 14 novembre 2011

Les folles et fabuleuses inventions de Wanda Kanapoutz

Par Anne-Claire Lévêque, illustré par Olivier Daumas, Bilboquet, Cracontes

«Lauréate du Championnat international des Idées Folles mais Géniales, Wanda Kanapoutz est une jeune et talentueuse inventeuse. Elle crée dans son atelier des machines extra-ordinaires pour simplifier la vie de tous les enfants. Retrouve ici ses 10 invetions qui ont reçu la médaille d'or dans leur catégorie, + des trucs, des astuces et des recettes pour que la vie soit plus belle et surtout encore plus drôle!»

Inventaire farfelu et déjanté pour ceux et celles qui trouvent le quotidien trop compliqué. Anne-Claire Levêque y propose des trésors d'ingéniosité, n'hésitant pas à plonger le lecteur dans l'imaginaire délirant de sa charmante inventeuse hors du commun. Bien sûr, toutes les inventions ne sont pas aussi délicieuses (et quelques-une comportent des référents européens plutôt difficiles à saisir pour les jeunes lecteurs nord-américains), cela dit, j'ai eu un coup de coeur pour la Machine à Chatouillons et le Lav'toufou! En fait, le principal intérêt de cette étrange collection de curiosités est l'univers visuel débridé d'Olivier Daumas; comme à son habitude, il rivalise d'imagination, proposant des personnages colorés, aux expressions cocasses, qui évoluent dans un quotidien aux mille textures. Une encyclopédie de l'impossible fort réjouissante à feuilleter, donc!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Thomas, prince professionnel


Par Valérie Fontaine, illustré par Fil (sans Julie), Fonfon

«Le travail du prince Thomas consiste à sauver des princesses en péril. Spécialisé dans ce domaine depuis des années, il a des méthodes de travail bien à lui. Suivez Thomas dans toutes ses péripéties et apprenez pourquoi les princesses ne tombent jamais amoureuses de lui. Laissez-vous charmer par ce drôle de personnage et assistez à des sauvetages de princesses comme vous n’en avez jamais vu!»

Thomas, sauveteur de princesses par excellence, pas froussard pour deux sous, ne redoute qu'une chose: tomber amoureux. C'est pourquoi il prend maintes précautions saugrenues et efficaces contre le coup de foudre. Or, s'il se croit professionnel jusqu'au bout de l'épée, le rire rempli de clochettes d'une princesse pas comme les autres pourrait bien venir chambouler le tout... La plume cocasse de Valérie Fontaine croque joyeusement les péripéties de cette épopée singulière; épopée qui s'épanouit pleinement grâce principalement à l'univers visuel échevelé et délectable de Fil (sans Julie). En effet, sa palette plutôt brouillonne, moins léchée que lorsqu'il fait partie de Fil et Julie, jongle habilement avec les double-sens, racontant avec éloquence et humour une histoire tout à fait mémorable en parallèle. La fraîcheur de son trait et son incroyable talent pour la scénarisation rocambolesque me font totalement craquer pour ce tout nouveau Fil (sans Julie); une première expérience d'illustrateur en solo qui gagne à être connue et qui, je l'espère, se répétera souvent, souvent! Un album à dévorer des yeux, le sourire au coeur...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

Maman! Des monstres!

Par Liliana Cinetto, illustré par Poly Bernatene, Chocolat

«Avant, la nuit, j'avais peur. Très peur. Une peur terrible. Mais ça, c'était avant.»

Sympathique histoire de peurs à rebrousse-poils! La plume de Liliana Cinetto, légère, raconte avec éloquence la Peur avec un grand P; celle qui implique monstres sous le lit, fantômes, sorcières et ogres, bien camouflés par la noirceur. Or, si l'histoire semble annoncer la fin des illusions, en affirmant, par le biais de la Maman, que ces créatures épeurantes n'existent que dans les contes, l'auteure choisit de faire triompher l'enfance finalement, puisque le sympathique petit froussard frisé emprunte une toute autre avenue pour se rassurer: il comprend désormais que, puisqu'il les voit, ses créatures de l'ombre existent bel et bien, mais il sait aussi qu'ayant une peur bleue de sa mère qui les malmène à grands coups de ménage et de négation de leur existence, elles déserteront sa chambre à coup sûr, ce qui veut dire qu'il pourra dormir en paix! Comme quoi, le meilleur remède contre une dérive de l'imagination enfantine, ce n'est pas toujours le gros bon sens des adultes, mais bien de laisser parfois la logique farfelue de l'imaginaire faire son travail! Un album aux illustrations riches et à la plume judicieuse.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★  

Que font les sorcières quand elles ne font pas peur aux enfants?

Par Céline Lamour-Crochet, illustré par Olivier Daumas, Bilboquet, Cracontes, Que font... 3

«Que font les Sorcières quand elles ne font pas peur aux enfants? Pour devenir de véritables sorcières, les jeunes filles doivent travailler dur... Et dire adieu aux princes charmants et aux soldes d'été!»

Dans ce troisième tome de la série des Que font, on retrouve avec plaisir l'univers visuel farfelu et rigolo d'Olivier Daumas. Je me suis plongée avec délice au coeur de ses illustrations touffues, remplies des détails cocasses que j'aime tant. Cette fois, par contre, l'histoire m'a un peu moins charmée. La plume de Céline Lamour-Crochet, habituellement fine et drôle, tombe dans l'humour noir et les péripéties insipides ou un brin cruelles (comme l'explication des bosses dans le dos). Je sais bien qu'il s'agit de sorcières, et que ce ne sont pas des anges, mais je trouve que le concept était exploité de façon plus juste et savoureuse dans Que font les Loups quand ils ne font pas peur aux enfants. Un album qui vaut le détour tout de même, pour se délecter de l'oeuvre d'Olivier Daumas.



Lili lui donne: ★ ★ ★ ☆ ☆

samedi 12 novembre 2011

Dossier «Bâtir un livre»

Ne manquez pas l'excellent dossier sur la production d'un livre, de sa conception à sa vente, en passant par la distribution et la diffusion! Le Libraire propose ici un tour d'horizon exhaustif et sympathique qui permettra au lecteur de comprendre un peu mieux les contraintes de chacun des acteurs dans le domaine du livre!

Pour accéder à la version PDF du Libraire, cliquez ici.

jeudi 10 novembre 2011

Tralalère

Par François Soutif, Kaleidoscope

«Un ogre poursuit un petit garçon, couteau à la main, quand sur sa route il aperçoit une petite fleur. Emu, il cueille la fleur, la garde sur lui et ne veut plus dévorer le garçon, qui, lui, n'est pas d'accord... »

Une magnifique histoire sans fin et sans texte qui fera le bonheur des tout-petits! Le format de type accordéon recto-verso est on ne peut plus original et judicieux pour une joyeuse lecture interactive, et l'absence de texte ouvre le dialogue avec l'imaginaire de l'enfant. La scénarisation de François Soutif est simple et éloquente, et ses illustrations savoureuses. Bouleversant un brin les idées préconçues concernant les Gentils et les Méchants dans les contes de fées, cette singulière aventure perpétuelle deviendra rapidement un classique de l'heure du conte.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★  

Mon prof est une sorcière

Par Élaine Turgeon, Québec Amérique, Bilbo, Philippe 1

«Dans l'esprit de Philippe Falardeau, il n'y a pas de doute. Samantha, son enseignante, est bel et bien une sorcière. N'a-t-elle pas les cheveux noirs, une robe noire, un chapeau et des gants noirs? Mais en jeune homme averti, il n'en glissera pas un mot à personne. Pas même aux médias, qui feraient sans doute leurs choux gras de cette histoire. Il va plutôt mener son enquête pour accumuler les preuves accablantes de ce qu'il avance. Outre les attributs physiques qui ne mentent pas, il y a aussi ce fameux balai qui traîne dans la classe... Et lorsque Samantha annonce que le prochain thème de classe, c'est l'Halloween, il n'en faut pas plus pour que Philippe redouble de vigilance et épie les moindres faits et gestes de sa professeure. Non mais, ça pourrait être dangereux! Philippe ne tient pas à être ensorcelé...»

Premier tome d'une savoureuse série qui remet en question, sans brusquer les sensibilités, les personnages mythiques de l'enfance... et sans doute l'opus qui m'a le moins charmée. Il faut dire que j'ai lu la série dans le désordre, en terminant par celui-ci. Si la plume d'Élaine Turgeon est toujours aussi agile, spontanée et rafraîchissante, j'ai été moins interpellée par l'archétype de la sorcière; en effet, contrairement au père Noël et à la fée des dents (voir tomes 2 et 3), je ne suis pas certaine que tous les enfants cherchent à vérifier l'existence de sorcières dans leur entourage avec tant d'ardeur et d'appréhension. L'intrigue est donc un peu moins accrocheuse. Cela dit, le personnage de Philippe, curieux, plein d'espoir et de questions, est indiscutablement une réussite! Une série qui vaut le détour!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Le père Noël travaille à mon école

Par Élaine Turgeon, Québec Amérique, Bilbo, Philippe 2

«Ne vous est-il jamais arrivé de soupçonner vos voisins de faire partie du KGB, votre facteur d'être à la solde d'un réseau de revendeurs de boîtes aux lettres espionnes ou pire encore, vos parents d'être la réincarnation d'un brocoli et d'une patate?»

Un deuxième tome réjouissant pour Philippe le sceptique. S'attaquant au personnage mythique de l'enfance par excellence, le père Noël, Élaine Turgeon concocte au lecteur une enquête enlevante et rigolote. Sa plume fine et juste voltige avec aisance. À travers le personnage de Philippe, on sent toute l'importance de cette mince ligne qui sépare la fiction de la réalité, et qui met tant de piquant dans le quotidien de l'enfant. Si Élaine Turgeon joue avec les croyances enfantines, elle évite toutefois de froisser les certitudes ou de détruire les imaginaires, puisque la «vérité» au sujet du père-Noël-concierge de l'école échappera une fois de plus à Philippe! Un petit roman parfait pour ceux qui aimeraient bien croire encore au père Noël.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

mercredi 9 novembre 2011

Les folles aventures d'Eulalie de Potimaron - Le Serment

Par Anne-Sophie Silvestre, illustré par Amélie Dufour, Flammarion, Eulalie de Potimaron 2

«- Croyez-vous que Mademoiselle acceptera? 
- Cette question est si grave que je pense que c'est à Monseigneur de la poser lui-même. 
Aux premiers jours de l'été, Madame et Mademoiselle quittent Versailles pour Saint-Cloud. À Saint-Cloud, point d'étiquette. Légères et court-vêtues, les filles d'honneur s'en donnent à coeur joie. Escapades, fugues et rencontres sont au rendez-vous. Mais l'amour aussi marche à grands pas : le Dauphin et Marie-Louise sauront-ils saisir au vol ces moments de liberté?»

Suite délectable et enlevante pour cette série de folles aventures. Anne-Sophie Silvestre mène toujours aussi habilement l'intrigue, de sa plume fine, multipliant les péripéties et enchevêtrant les conspirations auxquelles Eulalie l'intrépide prend part sans peur, dans un mélange astucieux d'amitié, de romance, et de combats à l'épée. Les personnages sont si bien construits qu'on a presque l'impression de faire partie de leur société secrète (moi, en tout cas, j'en aurais bien envie!). En espérant que le troisième tome ne tarde pas trop!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★  

mardi 8 novembre 2011

Les larmes de Fanette


Par Isabelle Clara, illustré par Manon Gauthier, La Bagnole, Klaxon

«Qui ne craquerait pas devant pareille Fanette? Une petite fille, un chagrin et des larmes à n'en plus finir. Que se passe-t-il dans sa tête? Fanette pleure depuis des mois. Elle pleure, elle pleure, c'est un déluge. Va-t-on réussir à savoir pourquoi? Une histoire émouvante sur l'amour des livres.»

Un album que j'attendais avec impatience... et qui malheureusement m'a un brin décue. Avec une telle prémisse, je m'attendais à un riche texte, envoûtant et sensible. Or, la plume d'Isabelle Clara, maladroite et ne respectant pas l'intelligence du lecteur, a construit plutôt une histoire à la chute invraisemblable, dont la pertinence serait réduite à néant en quelques questions lucides posées par un enfant à qui on la raconterait (comment Fanette a-t-elle pu ne pas voir les autres étagères à la bibliothèque? et comment se fait-il que ses parents aient-ils pris sa tristesse de très longe durée - plus d'une demie année- aussi à la légère?). En fait, l'histoire racontée en parallèle par les tendres illustrations de Manon Gauthier est, et de loin, beaucoup plus intéressante et juste. L'univers visuel qu'elle crée à l'aide de ses palettes délavées si remplies d'émotions et de ses fins traits noirs est tout à fait réussi et si éloquent qu'il aurait été presque préférable de faire de cette histoire un album sans texte. Je trouve dommage que l'éditeur de La Bagnole ne se soit pas assuré qu'un tel travail d'illustration puisse prendre l'envol qu'il mérite grâce à un texte digne de ce nom. Un album à feuilleter tout de même, afin de ne pas manquer l'émouvant travail de Manon Gauthier.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ☆ ☆